Mauvaise graine d’Orianne Charpentier

A sa naissance, son père a planté un arbre. Un noyer. Jamais de fleur, jamais de fruit. Jérémy se sent à l’image de cet arbre stérile : minable et sans talent. Il n’éprouve que honte et colère envers ses parents peu instruits qui vivent modestement, accomplissant les basses besognes. Sa place est d’autant plus difficile à trouver dans ce foyer que sa sœur aînée brille par sa réussite. Un jour cependant, son regard change. Il comprend que son père n’est pas immortel. La maladie pourrait même le faucher prématurément. Alors seulement, il réalise qu’il ne sait rien de lui…
Ce texte d’une grande sensibilité m’a ému jusqu’aux larmes. L’auteur a su peindre le portrait d’un adolescent mal à l’aise dans son corps et avec la société en maniant habilement une plume d’une rare finesse. Les émotions sont savamment dosées évitant ainsi l’écueil de la mièvrerie. Les sentiments décrits sont justes et les thèmes pertinents : la difficulté de se faire une place dans une société où règne la tyrannie de l’apparence et des faux semblants, où le statut social des parents peut peser sur les enfants comme un injuste héritage. Si la fin sonne happy-end et relativement convenue, il faut surtout y lire un message d’espoir. On peut haïr ses parents, ses origines et son milieu, on peut aussi revenir sur ses sentiments. C’est aussi cela devenir adulte : faire tomber ses parents de leur piédestal ou au contraire leur redonner une place plus tempérée. Se réajuster en fonction de l’adulte que l’on ne cesse de devenir en somme.

C.A.

Le livre : Mauvaise graine d’Orianne Charpentier, collection Scripto, éditions Gallimard jeunesse, 7,50 €

Illustration de la couverture : Didier Gatepaille


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