Une page se tourne

Inactif depuis des années. C’est donc sans surprise que je reviens en ces lieux apposer solennellement, car officiellement, un point final.

Ma vie a changé écrivait Marie-Aude Murail et je lui chipe la formule puisque tel est effectivement le cas. J’ai quitté les sentiers des bibliothèques municipales sans toutefois affirmer que jamais plus je ne les foulerai.

Simplement ce blog, si intrinsèquement relié à la courbe de cette trajectoire, aujourd’hui ne me ressemble plus assez.

Une page se tourne. Un autre livre commence… ailleurs 🙂

C.


Bref

Je fais des études spécialisées pour travailler en bibliothèque.

Après la Licence, j’essaie d’intégrer le monde du travail. Je passe un entretien, 5 entretiens, 10 entretiens… Bref, j’me dis, je vais continuer jusqu’au Master.

Je trouve une place de vacataire en BM, puis une deuxième et une troisième. Je travaille sur 3 SIGB différents, je connais les horaires d’ouverture de mes 3 bibliothèques par cœur… enfin parfois, je m’emmêle les pinceaux !

Je passe 11 entretiens, 15 entretiens, 20 entretiens. Je décroche enfin un premier contrat en CDD.

Je passe les concours en touriste. J’me vautre. Je repasse les concours en touriste, j’me vautre.

Je change de bibliothèque.

1 fois, 2 fois, 3 fois.

Bref, j’me pose.

Je passe les concours en touriste. Je suis admissible. Je prépare l’oral. J’me vautre.

Mon CDD est renouvelé.

Ça y est, j’ai 4 ans d’ancienneté !

Je passe les concours en touriste. Je suis encore admissible. Je reprépare l’oral et j’me revautre.

Bref, je suis contractuelle en bibliothèque.


La cité, tome 1 : la lumière blanche de Karim Ressouni-Demigneux

La cité, c’est un nouveau jeu vidéo révolutionnaire auquel Thomas et Ludovic, deux ados de 15 ans, se sont inscrits. Le concept est simple : il s’agit de se connecter à un univers virtuel persistant (style World of Warcraft moins les trolls évidemment), y déambuler à sa guise, au rythme de rencontres . Annoncé par une campagne publicitaire à grands renforts de superlatifs et de mystères, ce jeu a conquis près d’1 million de joueurs dans le monde. Mais personne ne sait encore quel est son but ultime. Néanmoins, des règles tacites semblent se dessiner, comme celle qui impose de ne jamais parler de sa vie réelle faute de quoi la lumière blanche vous fauchera.
Face à l’engouement quasi unanime sur la toile, je ne pouvais pas ronger mon frein plus longtemps. Il y a des thématiques épineuses. Des thématiques susceptibles de faire dévaler des pentes glissantes, à toute vitesse, pour qui n’en maîtrise pas les codes. Le jeu vidéo, il me semble, en fait indéniablement partie. Depuis No pasaran, le jeu (Christian Lehmann, L’Ecole des Loisirs, 1996), qui dans nos vieilles bibliothèques poussiéreuses (joke) fait encore autorité, peu d’autres romans sont parvenus à se détacher du lot. Pour ma part, je ne relèverai que Epic (Conor Kostick, Bayard, 2011) qui ne me semble cependant pas totalement abouti. La cité quant à elle, ne joue pas dans la même catégorie. Si le concept aurait pu se révéler intéressant, plusieurs écueils ont littéralement gangréné ma lecture. En premier lieu, l’écriture pauvre et aussi vide que l’écho des abîmes. Certains auteurs ont la capacité exceptionnelle de brosser un monde haut en couleurs avec une poignée de mots. Ca s’appelle le style. C’est un don si l’on veut, une qualité à tout le moins. Je suppose que cela peut se travailler. Vraisemblablement, elle n’est pas donnée à tout le monde. En plus d’être pauvre, l’écriture souffre d’une syntaxe déplorable. Les phrases sont courtes, minimalistes ; proches du langage parlé. Et les dialogues frisent une vacuité aberrante. Une écriture terne donc, mise au service d’une intrigue creuse et stéréotypée. En d’autres termes, ni le fond ni la forme ne parviennent à se sauver.
Puisqu’il n’y a que les spécialistes d’un genre qui peuvent nous offrir un regard lucide sur une question donnée, voici un morceau choisi de la critique parue dans le n°245 de Canard PC : « […] La Cité, prévu en 5 tomes, se place d’emblée dans le genre des tourne-pages. Ecrit dans le plus pur style roman jeunesse, c’est-à-dire de façon pas très élégante, le roman se lit vite, et se termine sur un vieux retournement de situation des familles qui m’a fait sortir de ma réserve habituelle pour copieusement insulter l’auteur. En effet, si l’intrigue a de quoi éveiller l’intérêt, le reste est à l’image de la passion de Thomas pour la magie : une illusion, de l’esbroufe, un truc. Des personnages en carton-pâte, mus par des motivations stéréotypées dans un jeu vidéo tout sauf crédible […]. »
Bref. Tout est dit.

C.A. (et Maria Kalash pour Canard PC)

Un autre avis mitigé (probablement le seul) présent sur la toile : http://mariae-bibliothecula.blogspot.com/2011/12/la-cite-tome-1-la-lumiere-blanche.html

Le livre : La cité, tome 1 : la lumière blanche de Karim Ressouni-Demigneux, éditions Rue du Monde, 16 €

Illustration de la couverture : Antoine Guilloppé


De l’utilité des lunettes chez le bibliothécaire

En 2011, quand une illustratrice jeunesse représente une bibliothécaire, c’est encore affublée de lunettes… et de son inséparable chignon. Car, c’est bien connu, pour être bibliothécaire, il vaut mieux porter des lunettes ! Le sourire, bien sûr, est en option.


Apparemment, ce stéréotype est fortement imprégné dans l’imaginaire collectif… puisque même des créatures abstraites, bibliothécaires de leur état, se reconnaissent à leurs lunettes. Évidement, là aussi, vous pouvez repasser pour le sourire ! Ici, cependant, le parti pris est clairement humoristique. Et, si l’on se fie au texte qui accompagne l’image, on pourrait aussi lire que ce type de bibliothécaire est devenu un spécimen rare : « les jeunes diplodocumentalistes viennent juste pour l’admirer ».

En 2011, on peut aussi croiser la route de bibliothécaires dans les jeux vidéo. Bonne nouvelle, ce spécimen-ci ne porte pas de lunettes !

C.A.

Les livres : June et Léa de Sandrine Bonini, illustrations de Sandra Desmazières, éditions Le Baron perché, 16 € ; Les nouveaux dinosaures de Noé Carlain, illustrations de Kaas Verplancke, éditions Sarbacane, 14,90 €

Le jeu : The Elder Scrolls V Skyrim

Illustrations des extraits : Sandra Desmazières et Kaas Verplancke


Comptines de Roses et de Safran

Comptines de Roses et de Safran est le dernier titre de l’excellente collection Comptines du monde. Comme le nom ne l’indique peut-être pas, ce livre compile des comptines venant d’Inde, du Pakistan et du Sri Lanka. Les premières pages du livre apportent des précisions quant aux différentes langues et leur prononciation. Suivent ensuite les comptines à proprement parler. Pour chacune d’elle, une reproduction du texte en langue originale est accompagnée de sa retranscription phonétique et d’une traduction. Les dernières pages donnent des éléments quant à la provenance des comptines. Surtout, les instruments de chaque morceau sont mentionnés.
Étant passionnée par la culture indienne, je ne suis pas restée indifférente à ce très bel ouvrage. Les ambiances traditionnelles côtoient celles de Bollywood. On se laisse facilement emporter et dépayser par ces sonorités. J’ai particulièrement apprécié les textes. Leur simplicité dégage une certaine pureté. Mon seul bémol concerne l’illustration. Je ne suis pas sensible au style d’Aurélia Fronty. Néanmoins, cette dernière remarque est totalement subjective.

Voici donc un nouveau petit bijou de chez Didier jeunesse à posséder absolument dans sa bibliothèque !

Parce que ces comptines vaudront plus que tous les discours que nous pourrons faire, je vous invite sans plus attendre à en écouter des extraits sur le site de Didier jeunesse.

C.A.

La livre : Comptines de Roses et de Safran, Inde, Pakistan et Sri Lanka, collectage : Chantal Grosléziat ; réalisation musicale : Jean-Christophe Hoarau ; illustrations : Aurélia Fronty, collection Comptines du monde, éditions Didier jeunesse, 23,50 €

Illustration de la couverture : Aurélia Fronty